Populaire! Une conférence de Gerard Noiriel au CPA, le 16 janvier 2020.

 

La venue de Gérard Noiriel au Centre du Patrimoine Arménien pour parler de son livre “Une histoire populaire de la France. De la guerre de 100 ans à nous jours” était annoncé comme une conférence.

Ce fut plutôt un échange avec le public auquel nous avons eu droit ce jeudi 16 janvier. La première préoccupation de M. Noiriel en entrant dans la salle est d’enlever sa montre pour limiter au maximum le temps dévolu à la présentation de son ouvrage, dans l’optique de pouvoir répondre à un maximum de questions du public. Un moment qu’il désire être un moment d’échange et non un cours magistral. On pouvait s’y attendre, étant donné les affinités de l’homme avec l’éducation populaire. Gérard Noiriel, populaire jusqu’au bout, y compris lorsqu’on parle de notoriété, l’amphithéâtre du CPA est plein à craquer, les gens n’ayant pas réservé se voient débouter.

 

Le docteur Noiriel démarre l’entretien avec un peu d’épistémologie en expliquant mot par mot le titre de son ouvrage, on découvre alors que chaque terme a été scientifiquement réfléchi et sciemment pesé. Pourquoi “Une” histoire? Que signifie ce mot “Populaire” pour lui? Pourquoi avoir travaillé sur cette période de temps? Autant de questions, auxquelles les réponses sont un appréciable préambule au travail réalisé dans ce livre. C’est aussi une manière pertinente de se présenter, puisqu’à travers ses mots, Gérard Noiriel nous offre une porte d’entrée dans sa pensée. Ils reflètent sa manière de travailler et son parcours. En effet non content d’être un historien spécialiste de l’histoire du monde ouvrier et de l’histoire de l’immigration, le professeur Noiriel a aussi étudié la sociologie lui permettant de se revendiquer socio-historien.

 

Ce titre est aussi une manière de se distinguer de ses confrères. Gérard Noiriel écrit Une histoire populaire de la France, sa contribution à l’Histoire avec un grand H. Bien qu’acceptant l’héritage de l’historien américain Howard Zinn et en rendant hommage à son ouvrage majeur portant le titre de '“Une histoire populaire des Etats-Unis”, Noiriel explicite aussi leurs différences. En effet, pour lui il n’est pas question de traiter de l’histoire des dominants ni mêmes des dominés, point de vue qui ne serait selon lui plus d’actualité, mais de traiter de l’histoire de la relation entre les dominants et les dominés. Ce postulat lui permet de conserver une rigueur nécessaire au travail de l’historien. Au contraire de certains penseurs d’opérette, qu’il n’oubliera pas d’invectiver tout en regrettant un rôle plus que prépondérant qui leur est dévolu sur la scène médiatique ( son ouvrage le plus récent traitant plus amplement du sujet), Gerard Noiriel reste avant tout un universitaire.

Juste avec la justification de son titre, Gérard Noiriel arrive à nous expliciter tout le contexte de ses recherches, et à nous ancrer dans les problématiques actuelles. Après cette courte présentation, il n’est pas étonnant que moult mains se lèvent rapidement.

 

Vient donc le moment du questions-réponses. M. Noiriel prend le temps de donner des réponses fleuves, construites et riche de son savoir pluridisciplinaire. C’est au sein de cet échange que l’on prend pleinement conscience de la volonté du professeur de parler à toutes et a tous, et que l’instruction populaire est un des, voire le combat de sa vie intellectuelle. La discussion lui permet en outre de développer plus en profondeur les parties les plus récentes de ses recherches sur la notion de “populaire” qui lui tient tant à cœur, entre autres le lien que l’on peut en faire avec la question écologique.

L’horaire de la fin de la “conférence” est bien dépassé, lorsque les organisateurs décident de prendre la dernière question. Nombreux sont ceux qui attendent à la sortie pour échanger encore un peu avec l’historien qui prend le temps dedédicacer quelques ouvrages.

 

Jusqu’au bout Gérard Noiriel reste populaire.

 

Océane de Souza | Hugo Vialatte